Tournée forestière du 6 mars avec l'ONF, FNE et les associations
- Les Amis du Bois de Verrières
- 12 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 7 heures
Le 6 mars, l'Office National des Forêts IdF Paris-Ouest (ONF) organisait une tournée forestière dans la forêt de Verrières, en présence de FNE-IDF et FNE National, des Amis du Bois de Verrières et de Chaville Environnement.
Cette rencontre a permis de poursuivre le dialogue initié avec Mme Borzeix le 12 février dernier, mais reste insuffisante pour aborder l'ensemble des problématiques de gestion de cette forêt. En effet, la visite de trois parcelles ne permet pas d'appréhender pleinement les enjeux écologiques et sociaux de ce massif forestier.

La forêt domaniale de Verrières est incluse dans le site classé de la "Vallée de la Bièvre et des étangs de Saclay", un territoire reconnu pour la richesse de son patrimoine naturel et paysager. Le précédent plan d’aménagement 2004-2023 rappelait déjà : « Toutes les allées sont très fréquentées, les paysages doivent faire l’objet d’une attention particulière. »
Des pratiques qui fragilisent la forêt
La gestion forestière n’est pas vertueuse par nature. Certaines pratiques, telles que la surexploitation, la compaction des sols, les coupes rases, peuvent dégrader l’écosystème forestier pendant plusieurs décennies.
400 ha de la forêt sont sensibles au tassement
selon le plan d'aménagement 2004/2023.

Les cloisonnements forestiers, couloirs de 4 mètres de large espacés tous les 24 mètres, censés protéger les sols, entraînent en réalité une fragmentation de la forêt, et une compaction du sol, entre 17 % et 25 % voir plus lorsqu’ils sont à des intervalles de 15 m, comme récemment à Verrières.
Au-delà des ornières profondes, du compactage et du scalpage du sol, ces pratiques peuvent affecter des zones plus vastes, rendant les arbres plus vulnérables au vent, à la sécheresse et aux canicules, et perturbant la vie microbienne du sol.
Ces cloisonnements peuvent dégrader les zones sensibles, notamment sur le plateau, autour des mares et de leurs abords (parcelle visitée), déjà soumises à une hydromorphie importante.
🔗 Lire notre article sur les cloisonnements.

👉Plutôt que de chercher à adapter la forêt, il serait plus sage de chercher à adapter les pratiques pour améliorer sa résistance et sa résilience.
Des alternatives existent, comme le débardage par câble-mât ou à cheval, utilisé par l’ONF à Darnétal en 2024 : https://search.app/T9XQ9dWdteiVphZe7.
Des prélèvements déjà excessifs
L’analyse des cycles de gestion passés (1991-2024) révèle des volumes prélevés au-dessus des prévisions (voir illustration ci-dessous) :
+44 % de coupes entre 1991 et 2005 (tempête Lothar) ;
+9 % entre 2004 et 2024 (coupes accidentelles), alors que l’accroissement des arbres diminuait.

Extrait du comité de massif 2024 : gestion écoulée en forêt de Verrières
Le changement climatique et le ralentissement de la croissance des arbres en augmentation devraient conduire à réduire les récoltes. Pourtant, le nouveau plan 2025-2044 prévoit d’atteindre 100 % de l’accroissement biologique annuel, en réduisant les intervalles d’intervention à 8-10 ans.
👉Une gestion plus prudente permettrait au contraire à la forêt d’atteindre une certaine maturité, d’abriter plus de biodiversité, de stocker plus de carbone et de fournir plus de bois utilisable en bois d’œuvre – contrairement à l’exploitation actuelle, qui favorise majoritairement le bois-énergie.
Des données évolutives sur la biodiversité avec une planification d’actions, de relevés et d’analyses scientifiques devrait être intégrées dans la gestion forestière pour protéger et restaurer les écosystèmes, afin d’inverser la trajectoire du déclin de la biodiversité.
Des engagements encore insuffisants
Le nouveau plan d'aménagement de la forêt (2025-2044) reconnaît la fonction sociale de la forêt de Verrières et fixe plusieurs priorités : préservation des paysages et de l’ambiance forestière, protection des sols et de la biodiversité, conservation de 1 arbre mort par hectare et de 2 arbres-habitats vivants par hectare.
Ces engagements restent en deçà des recommandations de l'IBP (3 gros arbres morts sur pied/hectares, 3 gros arbres morts au sol/hectare et de nombreux arbres-habitats).
Un morcellement qui s’aggrave
En 50 ans, la forêt de Verrières subit un morcellement continu. Sur 563 hectares, 30 hectares (5%) sont occupés par les emprises au sol, notamment sous l’effet des infrastructures :
l'A86 (1973-1978) : 24 hectares, créant une coupure entre Châtenay-Malabry et Verrières-le-Buisson ;
le Tram 10 : 3,5 hectares, sans réelle compensation de proximité, en contradiction avec la séquence Éviter-Réduire-Compenser (ERC).
42 km de routes et chemins ;
7 parkings, maisons forestières, centre équestre, ex CNRS ;
réseaux haute tension, etc ;
Auxquels s’ajoutent désormais les cloisonnements forestiers entraînant une perte de la surface forestière de plus d’un quart de la continuité forestière.

La mare visitée dite de « de compensation » (parcelle 118) n’est pas un gain écologique : elle résulte une coupe d’arbres faite ailleurs pour compenser le tracé du T15. C'est un déplacement d’impact dans un espace naturel déjà existant.
🔗 Lire notre article sur la mare de compensation.
Transparence et reconnaissance des services écosystémiques
La communication des informations de gestion doit être améliorée. L’ONF fournissait auparavant les volumes coupés, une information que nous demandons à voir maintenue. Les volumes vendus ne donnent pas la récolte totale, car ils n’incluent ni les pertes d'exploitation (branchages, bois laissés sur place, bois morts) bien qu’ils aient pourtant été coupés.
Les forêts domaniales franciliennes couvrent 72 500 hectares, au cœur d’une région densément peuplée (12 M d’habitants). Elles accueillent chaque année 110 millions de visites, dont +2 millions* à Verrières (*enquête Credoc 1999) ce qui témoigne de leur importance sociale et environnementale.
Elles fournissent des services essentiels (air, eau, carbone, biodiversité, loisirs) sans financement spécifique.
Le Contrat d’Objectif et de Performance (COP) prévoit pourtant le développement de partenariats pour les rémunérer. Une opportunité que l’ONF pourrait valoriser en lien avec les enjeux environnementaux et sociaux propres aux forêts urbaines en Île-de-France. L’article L212-2 du Code forestier ne précise t'il par que l’amélioration du cadre de vie constitue une priorité pour les forêts très fréquentées ?
Un appel à un dialogue constructif
Nous souhaitons que FNE-IDF maintienne un dialogue ouvert avec l’ensemble des acteurs concernés, et s’appuie sur les réalités de terrain. Voir son texte : Ambition pour des forêts vivantes en Île-de-France.
De notre côté, nous continuerons à agir pour que ces engagements se traduisent concrètement et que la gestion de la forêt de Verrières progresse vers un modèle plus respectueux de l’environnement et davantage participatif.


Commentaires